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http://www.liberation.fr/page.php?Article=315388 Tradition vietnamienne et trafic de cannabis en procès
176 plantations saisies, des enveloppes d'argent en petites coupures : un homme et sa famille sont jugés pour production et vente de stupéfiants.
Par Marie-Joëlle GROS
jeudi 04 août 2005 (Liberation - 06:00)
Pierre P., 27 ans, comparaissait hier dans le box des accusés du tribunal correctionnel de Meaux (Seine-Saint-Denis). Il est accusé d'avoir détenu 11 kg de cannabis, d'en avoir vendu et consommé. Il s'est aussi lancé dans la production : 176 plants ont été saisis chez lui. Sa compagne, sa soeur, son beau-frère et son frère aîné, tous trentenaires, comparaissent libres. Ils ont fait entre deux et cinq mois de détention préventive, accusés de complicité de production de stupéfiants et de recel d'argent issu du trafic. Des voisins, incommodés par l'odeur des plantations de Pierre, l'ont dénoncé à la police en septembre 2004. Très vite, les enquêteurs ont soupçonné toute sa famille.
Plomberie. Chez son frère David, qui vit chez leurs parents, ils ont découvert trois plants de cannabis «fanés» au fond du garage, précise son avocat. Chez sa soeur Madeleine et son beau-frère Joseph, les policiers ont saisi, dans un tiroir, des enveloppes remplies de billets en petites coupures (915 euros, 4 300 euros, 710 euros, etc.) portant des traces de cannabis. Joseph, à la tête d'une petite entreprise de plomberie, est également accusé d'avoir aidé Pierre à construire la tuyauterie nécessaire à l'arrosage, au chauffage et à la ventilation de sa culture. Pierre avait loué une grande maison et transformé deux chambres en serre tropicale. Il s'était beaucoup cultivé sur Internet et possédait des ouvrages pratiques sur la cannabiculture dans son salon. Le procureur lui reproche d'avoir réussi à produire une herbe contenant un taux de THC de 22 % «quand la moyenne tourne autour de 8 %». Il accuse encore la famille d'avoir aidé Pierre à louer cette grande maison (presque 1 000 euros de loyer), alors que ses revenus de mécanicien ne le lui permettaient pas.
La fratrie est née au Vietnam «où l'horticulture se pratique depuis des générations», plaide l'avocate de Pierre. Depuis son box, Pierre s'accuse de tout, innocente les autres : «Vous voyez bien qu'ils n'ont pas des têtes de délinquants», lance-t-il au tribunal. Mais la justice trouve cette famille bizarrement solidaire. Frères et soeurs se prêtent de l'argent, pour des mariages, l'achat de terrains, etc. David, le frère aîné, explique que les choses se passent comme ça au Vietnam. Le procureur ne comprend pas non plus pourquoi Pierre avait garé son camion contenant 11 kg d'herbe achetée aux Pays-Bas dans l'allée de sa soeur et son beau-frère, si ceux-ci n'ont rien à voir avec le trafic. «On se rend beaucoup de services, explique la soeur à la barre. Mais on n'était au courant de rien.» Elle et son mari ont fait «72 jours de prison pour cela», rappelle leur avocat, qui demande la relaxe.
Sandrine, la concubine de Pierre, se tord les mains. Elle l'aime et le dit devant le tribunal. A la différence des autres, elle n'est pas d'origine vietnamienne, «mais a adopté cette famille», raconte son avocate. Elle travaille dans la restauration et son employeur l'a réembauchée après ses cinq mois de détention. «Elle cohabitait avec les plantations », pointe le procureur. «Je n'étais pas d'accord. On se disputait souvent à cause de ça, dit faiblement la jeune femme. Nous avons une famille à construire, des projets d'enfants, j'espère que vous nous laisserez cette chance.»
Soudée. Les avocats des prévenus décrivent une famille très soudée, impliquée malgré elle dans «les délires» de fumeur de Pierre. Et rappellent que la fratrie a déjà payé chèrement sa «folie». L'entreprise de plomberie de Joseph a souffert de leur incarcération, mais s'est redressée et repart. «Les trafiquants ne se donnent pas le mal de travailler», plaide-t-il. «L'enquête a conduit à les remettre en liberté», souligne l'avocat . Qui voit dans les réquisitions du procureur une reconnaissance de l'innocence de la famille : un an de prison avec sursis pour tous. Et cinq ans pour Pierre, dont quatre ferme. Madeleine, la soeur du détenu, avance vers la barre : «La justice va le condamner, mais pas sa famille. Je l'aime beaucoup. Et lui pardonne.» Le verdict était attendu hier soir.
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http://www.liberation.fr/page.php?Article=315591 Cinq ans de prison pour le cannabiculteur
Par Marie-Joëlle GROS
vendredi 05 août 2005 (Liberation - 06:00)
Pierre P., 27 ans, qui a comparu mercredi devant le tribunal correctionnel de Meaux (Seine-et-Marne) pour trafic de cannabis et production après la saisie de 176 plants chez lui (Libération d'hier), a été condamné dans la soirée à cinq ans de prison, dont deux avec sursis. Son frère, sa soeur et son beau-frère étaient apparus étrangement soudés aux enquêteurs, qui avaient conclu à leur complicité. Placée plusieurs mois en détention préventive, la fratrie, d'origine vietnamienne, avait finalement été remise en liberté, faute de preuve. Mercredi soir, le tribunal a choisi de ne pas les envoyer à nouveau derrière les barreaux, prononçant à leur encontre des peines de prison ferme correspondant à la durée de leurs séjours déjà effectués en prison. Deux mois ferme pour le frère aîné. Un an dont dix mois avec sursis pour la soeur et le beau-frère. Et cinq mois ferme pour la compagne du cannabiculteur.
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