Après Genève, d’autres villes comme Bâle, Berne et Zurich oseront-elles franchir le pas? Au bout du lac, les forces politiques de tous bords, hormis l’UDC, annonçaient en décembre un projet, inédit en Suisse, de «cannabis social club». Une expérience pilote de trois ans, durant laquelle les consommateurs adultes pourraient acheter de l’herbe en quantité limitée auprès d’associations sans but lucratif, autorisées par l’Etat.
Le groupe interpartis du canton de Genève propose de s’inspirer de clubs sociaux en Espagne, qui autorisent la culture, la vente et la consommation d’herbe de manière contrôlée. Cette solution vise à limiter le trafic de rue, à maintenir un contact avec les consommateurs et à contrôler la qualité du produit pour des raisons sanitaires. Le groupe compte soumettre un projet à l’Office fédéral de la santé publique (OFSP) fin mai. D’ici là, il devra répondre aux épineuses questions juridiques qu’il soulève.
Selon l’article 8 de la loi sur les stupéfiants, la culture ou le commerce du cannabis sont interdits en Suisse. Mais la norme admet des exceptions à l’usage de stupéfiants «pour la recherche, le développement de médicaments ou une application médicale limitée». Une expérience pilote telle que celle proposée à Genève pourrait-elle obtenir une dérogation? La réponse est entre les mains du ministre de la Santé, Alain Berset. Prudent, l’OFSP déclare qu’il ne peut pas prendre position tant qu’il n’a pas consulté le projet. «La loi laisse peu de marge de manœuvre à de nouvelles formes de régularisation de l’usage du cannabis», souligne toutefois sa porte-parole, Catherine Cossy.
La bataille sera d’abord politique. Entre-temps, l’idée fait son chemin en terres alémaniques, où les Genevois espèrent trouver des alliés. A plusieurs reprises, le comité a rencontré des personnalités des services publics de Bâle, Berne et Zurich pour échanger leurs vues. La solution genevoise reçoit un écho favorable parmi les professionnels, qui constatent l’échec des politiques actuelles pour réduire le trafic et la consommation d’herbe. Mais la prudence est de rigueur, et les Genevois franchissent la Sarine à pas de Sioux.
source : http://www.letemps.ch/Page/Uuid/13dc2042-9ff1-11e3-aeb3-dab5266b88a2/Cannabis_les_volutes_de_la_l%C3%A9galisation