Source: http://www.tdg.ch/geneve/cannabis-legal ... y/25383830
Le cannabis légal arrive dans les rayons
Une arcade dédiée au chanvre vient d’ouvrir alors que les vendeurs se multiplient, attirés par ce nouveau marché.
Le cannabis légal se répand comme une traînée de poudre. En mars, il a fait son apparition dans les kiosques genevois. Désormais, surfant sur la vague, des magasins se spécialisent dans ce produit. Mardi, une échoppe s’est ouverte aux Eaux-Vives. Et hier, un nouveau magasin de produits «de bien-être» a mis le chanvre dans ses rayons.
Le cannabis légal? On le qualifie ainsi parce qu’il contient moins de 1% de THC, le principe psychotrope. Il ne «pète» pas et ne figure donc pas sur la liste des stupéfiants. Mais les autres vertus qu’on lui prête (relaxant et antidouleurs notamment) attirent des consommateurs, créant un marché qui, parti d’outre-Sarine, s’étend jusqu’ici.
Kahna Queen s’est installé dans une ruelle des Eaux-Vives. Cette échoppe est entièrement dédiée au cannabis légal. On y trouve plusieurs variétés d’herbe, du pollen (haschisch), des huiles et du produit pour vapoter. Trois associés, dont Cédric Jacquemoud et Vincent Ferrazzini, ont ouvert cette arcade, convaincus de l’existence d’un marché. «La demande est forte, certains fournisseurs n’arrivent plus à suivre. Nous avons un partenariat exclusif avec un producteur alémanique qui nous livre des produits de qualité.»
Taxé comme le tabac
Les associés ont monté leur affaire dans les règles. «Nous avons averti la police, histoire d’éviter les problèmes.» Ils se sont aussi enregistrés auprès des douanes. Car depuis peu, le cannabis qui se fume est frappé d’une taxe de 25%, comme le tabac.
Pourquoi créer un magasin spécialisé alors que les kiosques en vendent? «Ici, on peut toucher et sentir le produit. Et obtenir des renseignements. Nous pouvons ainsi nous démarquer des concurrents.» Car la concurrence est féroce. En quelques mois, de nombreux acteurs se sont lancés dans ce marché, en livrant à domicile ou en fournissant les kiosques. «Ça n’arrête pas, raconte une buraliste un peu débordée du boulevard du Pont-d’Arve. Chaque semaine, de nouveaux fournisseurs viennent me proposer leur marchandise.»
Selon plusieurs kiosquiers, ils seraient une trentaine à tenter leur chance. «Ce sont souvent des jeunes, pas très expérimentés», glisse le buraliste de la rue Montchoisy. Mais même les grossistes qui fournissent les kiosques s’y sont mis. C’est le cas notamment de Naville distribution (à ne pas confondre avec les kiosques Naville, qui n’en vendent pas). «Nous vendons quatre marques depuis trois mois, raconte Thomas François à la direction. Et les ventes sont vraiment significatives. C’est un produit intéressant qui offre de meilleures marges que le tabac.» Porteur pour certains, tandis que d’autres semblent penser que le soufflé pourrait bientôt retomber.
Il n’empêche. Pour l’heure, on assiste à une pléthore de marques et de produits divers qui surfent sur l’attrait de la feuille de cannabis. Outre l’herbe, on trouve des biscuits, de la bière et des jus, des chewing-gums, des joints déjà roulés qui n’attendent qu’à être remplis et… des sucettes. La composition en cannabis de ces produits dérivés semble aléatoire.
Vertus curatives
A côté de ce tout-venant, il y a donc ceux qui disent jouer la carte de la qualité. C’est le cas notamment de Colibri Greenshop. Déjà présent à Montreux, Alexis Hirschhorn a ouvert jeudi un magasin à Plainpalais. «Notre concept, c’est le bien-être.» A côté des compléments alimentaires et des tisanes bio, on trouve du cannabis. Mais si ce dernier a des vertus curatives, pas question d’en faire un argument marketing. «Nous n’avons pas le droit de parler de ses qualités thérapeutiques, même si certains de nos clients en achètent dans ce but.» C’est l’une des contradictions de ce produit qui, de l’avis de ses vendeurs, attire plutôt des gens «de 30 à 80 ans». (TDG)