J'en suis a 3 grammes par semaine

par **daniel** » 05 Juil 2003, 21:07

«J'en suis à 3 grammes par semaine, contre 23 avant»
Faire prendre conscience au jeune de son comportement en trois rendez-vous.

Par Matthieu ECOIFFIER

vendredi 04 juillet 2003

14 heures, Mikaël arrive. S'assoit sur le bord du fauteuil : «Moi je l'utilise pour passer le temps et pour dormir, je ne supporte pas de rien faire. Dans la brochure, ils soulignent la "désociabilisation", mais je fume que tout seul ! Je ne considère pas ma consommation comme problématique, et je n'ai pas envie d'arrêter», mitraille-t-il. La consultation commence.
«Aujourd'hui vous avez fumé ?, demande le psycholo gue.
Non. Car je fume lorsque j'ai fait tout ce que j'avais à faire. Là, je suis à un joint par jour, et pas tous les jours. Une barrette de 3 g par semaine contre 23 g avant.
Mais vous n'êtes pas prêt à arrêter ? Pour savoir si vous pouvez rester à cette consommation basse, il faut arrêter totalement pendant au moins un mois.
Ça fait quatre ans que je fume. Je suis passé par toutes les pha ses. Gros consommateur, ça me rendait parano, on se pose trop de questions, des questions inutiles. Mais il y a aussi le côté apaisant, je suis un hyperactif.»
L'air de rien, les questions du psychologue avancent, et suivent une ligne précise : la connaissance du produit, les effets recherchés et vécus, le rôle plus ou moins modulateur de l'argent, les moments où l'on se cache et ceux où l'on se montre, au travail et dans le privé. Objectif : faire prendre conscience à l'adolescent de son comportement.
«La façon dont vous vous le procurez a changé ?
Je ne vais plus dans la cité en chercher. Mes copains fumeurs s'en chargent. Je dépense 15 euros par semaine.
Est-ce que vous avez repensé aux situations qui déclenchent l'envie ?
Le soir si j'ai un flash de mal-être dans les soirées... ou alors quand j'entends un bon morceau de techno.
Vous avez repris de l'ecstasy ?
Non. Ce week-end on a fait une soirée chez moi, j'ai bu quatre whiskies-Coca. Ça s'est fini tôt car tous ceux qui avaient fumé se sont endormis sur le canapé. Aujourd'hui, j'ai une petite chute de moral. Ce matin je me suis levé, pas en manque mais avec une nostalgie du produit.
Quelque chose s'est passé au niveau personnel, au boulot ?
Non. Avec ma copine tout va bien. Et j'ai la chance que mes parents s'occupent de moi. Mais je dois me trouver un fil directeur. Un but, quoi. Je fais de la livraison de cannettes. A part parler à des chariots, je stagne.
Vous avez un projet ?
Organiser des soirées techno. Mais le problème c'est que ce n'est pas compatible avec l'arrêt de drogue.
C'est vrai, ce serait prématuré, il y a encore trop de choses qui ne sont pas réglées.
J'ai aussi regardé pour passer un bac pro.
Et les vacances ?
Je pars au Maroc en septembre, mais c'est pas ce que vous croyez, c'est un hôtel club !
J'aimerais que vous fassiez un arrêt complet pour aller jusqu'au bout de l'évaluation, voir si c'est un produit de confort dont vous pouvez passer... ou non.
C'est beaucoup dans la tête.»
Mikaël accepte un troisième rendez-vous mi-juillet. Et de réfléchir à une date pour arrêter complètement un mois.

©Libération (voir la licence)

par **Anonymous** » 06 Juil 2003, 00:44

Bonne vacances au maroc :lol:

par **Anonymous** » 21 Jan 2013, 03:28

source AFP